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Syphilis : mieux reconnaître cette maladie

Syphilis : mieux reconnaître cette maladie

  La syphilis est une maladie vénérienne connue encore sous les noms de vérole ou de mal napolitain, provoquée par le tréponème pâle découvert par Schaudinn en 1905.

 La contamination se produit habituellement au cours d'un contact sexuel et grâce à une petite plaie cutanée ou muqueuse (il ne semble pas que le tréponème puisse traverser une peau ou une muqueuse intègre), mais une contamination indirecte n'est pas impossible (par objets ou linge souillés). On peut diviser l'évolution de la syphilis en trois périodes.

 Période primaire

 Après une période d'incubation de vingt-cinq jours en moyenne apparaît la lésion initiale appelée chancre syphilitique. Son siège habituel est situé sur les parties génitales, mais ce n'est pas obligatoire (lèvre, langue, amygdales, muqueuse anale).

 Il apparaît comme une ulcération non suintante, légèrement saillante, indolente spontanément ou au toucher, reposant sur une base indurée donnant la sensation de la rigidité du bristol. Son diamètre varie en moyenne entre 5 et 20 mm.

 Il s'accompagne vers le sixième ou huitième jour d'une congestion ganglionnaire satellite : au milieu d'un groupe de petits ganglions, l'un d'eux est plus volumineux. Le chancre dure quatre à six semaines puis cicatrise spontanément.

 Période secondaire

 Les accidents secondaires apparaissent en moyenne six semaines après le chancre et peuvent durer entre six mois et un an. Ils consistent en accidents cutanéo-muqueux.

 La roséole est la première manifestation : taches cutanées de la taille d'une lentille à celle d'une pièce de 50 centimes, rougeâtres ou rosées, réparties sur le ventre, le cou, la poitrine et le dos. Puis ce sont les syphilides papuleuses, sortes de bourgeonnements atteignant le front, la nuque, la poitrine et les plis de flexion.

 Dans certains cas, les syphilides s'ulcèrent ou se réduisent à de simples taches brunâtres en réseau surtout disposées autour du cou (collier de Vénus).

 Période tertiaire Les accidents tertiaires sont le fait des syphilis mal traitées et sont favorisés par l'existence de maladies préalables, de sénilité ou de toxicomanie (alcoolisme, tabagisme). Ils peuvent se produire vingt à trente ans après l'accident initial. On distingue deux types principaux de lésions :

  •  Les gommes, sortes de tumeurs siégeant sur la peau, les muqueuses ou dans certains organes (foie, rate), qui s'ulcéreront et laisseront une cicatrice blanchâtre.
  • Les syphilides tuberculo-ulcéreuses, sortes de nodules de la taille d'un petit pois enchâssés dans le derme, qui peuvent creuser en profondeur et causer des mutilations importantes.

 Mais la syphilis n'atteint pas seulement la peau et les muqueuses. Elle lèse également le système nerveux et différents organes avec, selon les cas, paralysie générale, dégénérescence hépatique, tabès, névrite optique et cécité, aortite, lésions osseuses, etc.

 Syphilis et grossesse

 La mère syphilitique peut contaminer le produit de la conception après le cinquième mois de la grossesse, quand les tréponèmes peuvent passer à travers les vaisseaux du placenta; ceci se vérifie surtout si la syphilis maternelle est récente et non soignée. La grossesse peut alors être interrompue par un avortement, ou se poursuivre avec la naissance d'un fœtus mort ou prématuré.

 Les possibilités d'infection du fœtus diminuent au cours des grossesses suivantes, parce que la contagiosité maternelle s'atténue dans les phases avancées de la syphilis, de sorte que, le temps passant, un fils sain peut naître d'une mère syphilitique.

 Les réactions de diagnostic sérologique de la syphilis doivent être systématiquement exécutées pendant la grossesse, parce qu'un traitement immédiat et approprié peut empêcher, dans la plupart des cas, que l'enfant soit atteint de graves lésions héréditaires syphilitiques.

 Syphilis congénitale

 L'enfant est syphilitique sans jamais avoir présenté de chancre. Dès le début, il s'agit d'une septicémie grave qui peut atteindre n'importe quel organe et en arrêter ou en compromettre le développement. Il existe diverses possibilités de contamination.

La mère est infectée avant la conception : dans ce cas, il est fréquent d'observer des fœtus dystrophiques et hydrocéphales.

 La mère est infectée au moment de la conception : il s'agit généralement d'une syphilis atténuée car récente et la réaction de Wassermann est souvent négative. Il peut y avoir avortement ou accouchement prématuré, avec un fœtus atteint de graves lésions de la peau.

 La mère est infectée au cours de la grossesse; dans ce cas le nouveau-né peut présenter des lésions secondaires. Selon la date d'apparition de l'hérédosyphilis on distingue :

  • - la syphilis congénitale du nouveau-né. Les lésions typiques sont constituées de bulles contenant un liquide hémorragique, qui s'assèchent en un second temps en se recouvrant de croûtes et d'ulcerations. Ces lésions sont localisées exclusivement sur la paume des mains et la plante des pieds.
  • - la syphilis congénitale précoce. Les symptômes de la syphilis apparaissent peu après la naissance et consistent en une perte progressive de poids et en des troubles de la nutrition.
  • - la syphilis tardive. Les symptômes apparaissent vers sept ans, rarement à un âge plus avancé, et sont constitués par la fameuse « triade d'Hutchinson », c'est-à-dire par la kératite parenchymateuse, la surdité et les lésions des dents (habituellement les incisives supérieures), dont le bord apparaît irrégulier du fait de la présence d'incisions et de striures horizontales.

 Traitement de la syphilis

 L'efficacité du traitement antisyphilitique dépend de la précocité, de l'intensité et de la continuité avec lesquelles il est conduit. Une syphilis traitée dès le début peut parfaitement guérir, en évitant au malade toutes les graves séquelles secondaires et tertiaires. Dans certains cas, on parvient à stériliser complètement le malade, sans cependant rendre négatives les réactions sérologiques.

 Le médicament-roi de la thérapeutique antisyphilitique est la pénicilline; sur la dose à administrer et sur la durée du traitement, tous les spécialistes ne sont pas d'accord; en l'état actuel des choses, il semble toutefois prudent d'instituer plusieurs cycles de traitement, sans trop économiser les doses, et d'associer éventuellement la pénicilline aux anciens traitements antisyphilitiques et surtout le bismuth et les arseno-benzols.

 Un traitement insuffisant est bien pire qu'une absence de traitement, puisqu'il peut réactiver une syphilis atténuée ou la rendre définitivement résistante à n'importe quel autre traitement.




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