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Jean-Michel Saive s'investit dans le combat contre le cancer

Jean-Michel Saive s'investit dans le combat contre le cancer

 Le pongiste Jean-Michel Saive est bien entendu le grand champion que tout le monde connaît. Derrière ce sportif exceptionnel, il y a aussi un homme généreux qui n’hésite pas à s’engager pour de bonnes causes.

 Rencontre émouvante avec celui qui est devenu le parrain de la Fondation contre le Cancer.

 Quelle être votre motivation à vous investir dans le combat contre le cancer ?

 Jean-Michel Saive :  « Lorsqu’on m’a demandé de devenir parrain de la Fondation contre le Cancer, j’ai accepté tout de suite avec plaisir. J’estime normal de donner un peu de son temps, de son image et de son soutien à une cause comme celle-ci lorsqu’on est en bonne santé et qu’on a la chance de vivre de sa passion et de faire une longue carrière comme c’est mon cas. Et ce que j’apporte n’est rien en comparaison de toutes ces personnes qui sont aux avant-postes, en confrontation au quotidien avec la maladie et les patients. Les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, etc., aident réellement les malades, souvent dans l’ombre et bien plus que je ne le fais. J’espère néanmoins que par ma présence, j’apporte un peu de baume au cœur des malades. »

 La Fondation se donne trois missions :

  • Faire progresser la science.
  • Mieux accompagner les malades et leurs proches.
  •  Renforcer la prévention et le dépistage.

 L’une de ces missions vous interpelle-t-elle plus que les autres ?

 « Dans le cadre de la lutte contre le cancer, on a évidemment tous envie que la science progresse et que la maladie régresse, mais - sans hésitation - je pense qu’en plus du fait de soigner les gens, l’accompagnement est fort important. J’ai été très impressionné de constater parfois autour de moi qu’il y avait des gens qui étaient ou avaient été atteints d’un cancer sans que je le sache. Nous sommes souvent un peu mal à l’aise face à la maladie. »

 Quelle est la bonne réaction à avoir vis-à-vis des malades et de leurs proches ?

  « En général, on ne sait trop quelle attitude adopter à leur égard et à celui de leur entourage. Doit-on téléphoner ou non à un ami malade ? Lui rendre visite ou non ? Souvent, on aimerait bien téléphoner. Puis, lorsqu’on est sur le point de le faire, on se demande ce qu’on va pouvoir lui dire, si on doit lui parler de sa maladie ou de la pluie et du beau temps. Et, finalement, souvent, on ne le fait pas ! Mais, de toutes façons, ce n’est pas toujours simple de donner des réponses à ces questions, ni pour le patient, ni pour les proches. Je me suis moi-même aussi posé ce genre de questions. Ce fut encore le cas cet été, lorsque je me suis demandé comment réagir vis-à-vis d’un ami proche dont l’épouse est décédée du cancer.

 Cependant le non-dit peut entraîner un malaise. Il faut donc réagir. Nous avons tous des progrès à réaliser en la matière. Il faut tenter d’avoir le bon geste, la bonne attitude, ne fût-ce qu’un sourire ou une tape sur l’épaule. »

 Dans votre entourage, avez-vous été confronté à d’autres victimes du cancer ?

 « Le premier cas fut celui de ma grand-mère, décédée d’un cancer à plus de 80 ans ; jamais, elle n’a voulu nous dire qu’elle en était atteinte. Mais ce qui m’a le plus frappé, très tôt, c’est lorsque le partenaire avec lequel j’ai été champion de Belgique en Double Cadet est décédé d’un cancer à 29 ans. Il s’est battu comme un lion contre la maladie, a attendu la naissance de sa fille, puis est parti un mois après. Cet événement m’a marqué à vie.

 Aujourd’hui, je vois encore sa mère de temps à autre ; je sais qu’à chaque fois, elle est contente de me voir, mais comme j’étais l’équipier de son fils unique, je sais aussi qu’elle est très triste en me voyant car elle m’associe forcément à lui. »

 Que diriez-vous aux gens qui sont encore indifférents à un type d‘initiative comme celle de la Fondation ?

  « Que dire ?... Si ce n’est que l’on est tous confronté un jour ou l’autre à la maladie, soit directement, soit indirectement, que ce soit le cancer ou tout autre maladie grave. Effectuer un don, c’est bien. Et pour ceux qui ne désirent pas faire un don, un geste de réconfort à l’égard des malades, c’est très bien aussi. »

 Quel est votre rôle en tant qu’ambassadeur pour promouvoir la lutte contre le cancer ?

  « C’est d’être présent à des événements. Je prévois 3 ou 4 activités par an avec la Fondation. Je suis allé notamment taper la balle avec 55 jeunes patients atteints du cancer lors de la 26e édition du Camp Tournesol, au domaine de Sol Cress, à Spa. Jouer avec ces enfants, dont certains sont fortement atteints par la maladie et portent un masque, cela m’a marqué autant que je les ai marqués par ma présence.

Quand je voyais le plaisir de ces enfants qui étaient face à moi, qui voulaient me battre au ping-pong, qui croyaient vraiment qu’ils allaient y arriver et qui se retrouvaient ensuite impressionnés par certains effets de balle, ça valait tout l’or du monde ! Lorsque les enfants avaient fini de jouer au tennis de table avec moi, ils se précipitaient vers moi et me serraient dans leurs bras comme le font mes propres enfants quand je reviens de quinze jours à l’étranger. De tels moments sont plus forts que le reste. Ils valent tous les articles du monde ! Certains demandaient déjà quand j’allais revenir. C’était vraiment très poignant. Il faut le dire : j’avais la larme à l’œil. J’ai été particulièrement ému par un enfant de 5-6 ans avec qui j’ai joué.

 Parfois, on vit dans des sphères dans lesquelles on peut avoir l’impression d’être hors de la réalité ; ici, on retourne bien les deux pieds sur terre. Quand je vois, dans le regard des gens, que le seul fait de ma présence leur redonner du peps, je compatis d’autant plus à leur situation. »

 Etes-vous impliqué dans d’autres combats pour la santé ?

 « Lorsqu’on est souvent sollicité, la difficulté est de ne pas se disperser. Devenir ambassadeur de 48.000 trucs différents, cela n’a aucun sens pour soi-même, ni pour la cause que l’on entend défendre ; en faisant cela, on se déforce, on se décrédibilise. Cependant, entre ma carrière de sportif, les championnats, mon implication dans le mouvement olympique, mon rôle de directeur technique, mes propres enfants et ma famille, j’essaye d’être disponible autant que possible.

 Chaque année, je participe à plus d’une dizaine de manifestations. J’ai été parrain du Télévie au milieu des années 90 et je continue d’être présent chaque année à un ou deux événements du Télévie. Depuis plus de vingt ans, je suis également parrain de l’association Les Coccinelles, à Jemeppe-sur-Meuse, en Province de Liège. Il s’agit d’un centre de vie pour infirmes moteurs cérébraux adultes, dont l’objectif principal est de les amener à un maximum d’autonomie en vue de leur intégration sociale. Dès que je le peux, je suis présent à leurs conférences de presse et à certaines de leurs activités. Je demande aussi parfois qu’on les aide, notamment en faisant appel à des sponsors. »