Certains cancers bloquent le système immunologique de l’organisme.
L’immunothérapie permet de le
faire redémarrer pour lutter contre la maladie. Le docteur Ahmad Awada, nous
parle des développements dans ce domaine.
Quels sont les progrès récents en matière d’immunothérapie ?
Une compréhension des interactions entre
cellules tumorales et système
immunologique a permis de développer des médicaments qui libèrent l’action des
lymphocytes. À sa surface, la cellule tumorale a une protéine (PD-L1) qui
bloque le récepteur du lymphocyte (PD-1). L’organisme tolère donc la
cellule tumorale. Le médicament – des anticorps monoclonaux – bloque ce lien
entre tumeur et lymphocyte, qui peut éliminer la cellule tumorale.
Quelles sont les avancées récentes ?
Il y a des avancées thérapeutiques majeures dans différentes tumeurs solides :
- Cancer de la peau.
- Du rein.
- De la vessie.
- Du poumon.
- Les tumeurs de la tête et du cou.
- Le lymphome de Hodgkin.
Nous n’en sommes qu’au début. Après PD-1 et PD-L1, d’autres interactions ont été découvertes.
On peut espérer plus d’efficacité en combinant différents médicaments
qui visent des cibles distinctes. Par le passé, on considérait qu’il ne
fallait jamais combiner chimiothérapie, qui déprime l’immunité, et
immunothérapie. Or, dans certaines situations comme le cancer du poumon, le
résultat de la combinaison semble supérieur à celui de chaque solution prise
séparément.
Y a-t-il des limites à l’efficacité de l’immunothérapie ?
Ces médicaments sont actuellement surtout efficaces en situation métastatique, mais on étudie leur effet sur de micro métastases, ce qui pourrait permettre de guérir beaucoup plus de patients. En termes d’effets secondaires, quand on stimule le système immunitaire, il attaque parfois des organes normaux. Donc, on pourrait s’attendre à des inflammation au niveau des organes sains comme la thyroïde, les poumons ou le foie.
Une approche thérapeutique personnalisée du cancer du poumon
Si l’immunothérapie représente un progrès de taille en matière de traitement du cancer du poumon, elle ne constitue toutefois pas une réponse absolue. Afin d’offrir au patient une prise en charge aussi efficace que possible, il est primordial de lui proposer un traitement adapté à ses spécificités.
Quelle réponse l’immunothérapie offre-t-elle aux personnes atteintes du cancer du poumon ?
Dr Johan Vansteenkiste : « L’immunothérapie offre un nouvel espoir pour les patients atteints de NSCLC (non-Small cell Lung cancer). Toutefois, seuls 20 % à 30 % d’entre eux y répondent et il faut donc envisager des alternatives pour les patients non éligibles. Environ 70 % des patients devraient, en principe, suivre un autre type de médication ou de thérapie, par exemple des inhibiteurs angiogenèse ou de la chimiothérapie. »
Comment reconnaître les individus les plus sensibles à ce traitement ?
Dr J.V. : « Il faut prendre en compte des facteurs tels que le genre, l’âge, la classification histologique de la tumeur et surtout le passé en tant que fumeur. L’immunothérapie est notamment plus efficace chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. L’analyse des biomarqueurs est également indispensable : une forte expression de PD-L1 indique une meilleure réponse à l’immunothérapie alors que les patients avec une expression négative de PD-L1 ont moins de chance d’y répondre. Analyser la présence des PD-L1 permet donc de sélectionner les patients les plus appropriés et de proposer des alternatives personnalisées aux moins répondants. »
Dans quels cas l’immunothérapie est-elle exclue ?
Dr J.V. : « Pour certaines personnes, l’immunothérapie est moins adaptée ou peut même constituer un risque. Elle est notamment contre-indiquée auprès des patients atteints d’une maladie auto-immune ou ayant contracté une maladie de ce type dans le passé, ainsi qu’en cas de transplantation d’organe ou de moelle osseuse. Dans certains cas en effet, la stimulation des lymphocytes T peut s’avérer dangereuse.
Il est donc primordial de faire confiance à son médecin, de prendre conscience des différentes alternatives en matière de thérapies et de choisir l’immunothérapie uniquement si elle est considérée comme l’option la plus appropriée aux spécificités du patient. »