Dans la lutte contre les cancers, la
radiothérapie a connu de grandes
avancées au cours des dernières décennies. Entretien avec Paul Van Houtte,
Professeur honoraire à l’ULB et Chef de service de radiothérapie à l’institut
Bordet.
Nouveaux appareils de radiothérapie dont un CT simulateur. Quel est le
bénéfice pour les patients ?
Paul Van Houtte - Ils nous permettent notamment d’acquérir des images de
scanner en position de traitement du patient grâce à une plus grande
ouverture. On évite ainsi de modifier la position du patient entre la prise de
scanner et le traitement sur la table de radiothérapie.
Ce sont des tables plates alors que les tables de radiologie sont
courbes. Mais surtout, les scanners de radiologie ont des ouvertures plus
petites pour obtenir une plus grande qualité de l’imagerie, ce qui peut poser
des problèmes de positionnement, par exemple si le patient est un peu obèse ou
pour des traitements de
tumeurs mammaires où le bras est
écarté du thorax.
Quelles ont été les avancées technologiques majeures des appareils de
radiothérapie au cours des dernières décennies ?
Depuis 40 ans, il y a eu bon nombre de révolutions en ce domaine.
- La première étape, à la fin des années 70, a été l’acquisition de machines iso centriques, où le patient ne devait plus se retourner sur la table.
- Deuxième étape : l’introduction du scanner de dosimétrie en deux dimensions, qui nous donnait une idée de ce qui se passait. Depuis 2000, nous avons eu le développement de la radiothérapie conformationnelle et la radiothérapie en 3 dimensions.
Deux évolutions fondamentales se sont encore dessinées.
- En premier lieu, l’imagerie embarquée : grâce aux nouveaux accélérateurs, nous avons la possibilité de faire une imagerie alors que le patient se trouve sur la table et de voir exactement ce qu’on irradie.
-
En second lieu, nous avons eu l’introduction des techniques de
modulation d’intensité où la dose peut être modulée dans un volume donné.
Cette technologie peut aussi être réalisée tout en faisant tourner
l’appareil pendant l’irradiation. Une autre technologie réalisable par les
accélérateurs ou par le gammaknife ou le cyberknife est la
réalisation d’irradiation stéréotaxique, c’est-à-dire une irradiation
focalisée délivrant une dose élevée à un petit volume.
Quelles sont les différentes techniques de radiothérapie ?
Il y a d’abord les traitements par Kino voltage ou contact-thérapie, qui sont limités aux tumeurs cutanées. Il y a ensuite les techniques de radiothérapie en deux dimensions, essentiellement pour des traitements palliatifs ; elles sont de moins en moins d’application. Vient ensuite la radiothérapie conformationnelle en 3 dimensions, qui permet de limiter les champs aux volumes que l’on veut irradier dans les 3 dimensions.
Vous avez également la radiothérapie en modulation d’intensité. Il y a
aussi la radiothérapie en quatre dimensions. L’exemple typique, c’est la
radiothérapie tenant compte du cycle respiratoire : quand le patient respire,
vous pouvez décider de ne l’irradier qu’à un moment précis du cycle
respiratoire ou de suivre les déplacements de la tumeur. Il y a encore les
irradiations préopératoires réalisées au moment d’une intervention
chirurgicale et, enfin, les «
Curie thérapies » où les sources
radioactives sont implantées dans le patient.
Paul Van Houtte: Professeur honoraire à l’ULB et Chef de service de
radiothérapie à l’institut Bordet.