Le traitement des
cancers rares connaît des avancées
prometteuses », explique le Professeur Ivan Borbath, gastro-entérologue et
oncologue digestif à l’Institut Roi Albert II, des Cliniques
universitaires Saint-Luc.
Certains
cancers
ont une fréquence plutôt faible : ainsi, dans notre pays, on dénombre
environ 600 nouveaux cas de cancers du foie par an, 1500 pour le pancréas et
entre 300 et 400 pour les tumeurs neuro-endocrines. À titre comparatif, 8000
nouveaux cas de cancers du côlon sont recensés chaque année.
Ces cancers moins bien connus posent donc problème tant aux médecins
généralistes qu’aux gastro-entérologues ou aux oncologues. Dans cette optique,
un groupe d’une vingtaine de médecins spécialisés dans ces trois types de
cancers se réunit chaque semaine pour discuter les dossiers de chaque nouveau
patient au sein de l’Institut Roi Albert II, et décider ensemble du meilleur
traitement à leur administrer.
Quelles sont les avancées dans le traitement du cancer du pancréas ?
Pr. Ivan Borbath : « Le taux de mortalité dû à ce cancer reste, hélas, très
élevé. Les médecins font en sorte de choisir le meilleur traitement pour
chaque patient, ce qui requiert une expertise tant du côté de l’oncologie
médicale ou digestive que du côté radiologique et chirurgical.
Les chimiothérapies actuelles sont plus efficaces : elles combinent plusieurs
produits, qui donnent un taux de réponse (diminution de la taille des tumeurs)
plus important qu’auparavant.
Aux cliniques Saint-Luc, on étudie actuellement l’intérêt d’une chimiothérapie
administrée avant l’opération du cancer, et l’on tente de prédire son
efficacité très précocement par l’imagerie médicale, ce qui pourrait permettre
de mieux adapter le type de traitement en fonction des résultats.
Des études cliniques de type plus classique sont aussi menées, notamment une
étude dans laquelle est évalué l’impact des nouvelles
chimiothérapies sur la qualité de
vie des patients. »
Qu’en est-il pour le cancer du foie ?
I.B. : « Il est particulier en ce sens qu’il se développe dans les pays
industrialisés- quasi uniquement chez les patients souffrant au préalable
d’une cirrhose. Ce qui incite les hépatologues à proposer une surveillance
étroite des patients qui en sont atteints.
Les avancées thérapeutiques se feront probablement par un ciblage plus
précis des caractéristiques des cellules cancéreuses, afin de spécifiquement
les attaquer sur leur “point faible” . Des études en cours à St-Luc se
focalisent sur cet aspect. D’autres approches consistent à injecter, dans
l’artère amenant le sang au foie, des microparticules de chimiothérapie ou de
radiothérapie. »
Quelles sont les initiatives ont été prises au sujet niveau des tumeurs
neuroendocrines ?
I.B. : « Elles sont extrêmement rares, peuvent apparaître en tout point du
tube digestif, et sont capables de sécréter des hormones. Le traitement dépend
de leur emplacement, de l’agressivité et de l’extension de la tumeur, d’où la
difficulté en la matière. L’idéal serait donc de pouvoir colliger les cas de
patients en Belgique.
C’est la raison pour laquelle un registre prospectif en ligne a été créé
par le Groupe belge d’Oncologie digestive, pour inciter tous les
médecins ayant des patients concernés à les y inscrire en tout anonymat. Ce
registre pourra aider à apporter des réponses à des questions non résolues,
car comme pour toute pathologie rare, il est très difficile de réaliser des
études à grande échelle sur de nombreux patients. Il est à souligner toutefois
que malgré qu’elles soient peu fréquentes, ces
tumeurs suscitent l’intérêt de
l’industrie pharmaceutique, avec qui il est possible de collaborer pour
développer de nouveaux traitements. »
Professeur Ivan Borbath : Gastro-entérologue et oncologue digestif à
l'institut Roi Albert II des Cliniques universitaires Saint-Luc.